Némésis

Comme les Parques, Némésis a d’abord été une idée morale, celle de l’équilibre immuable de la condition humaine. L’homme peut mécontenter les dieux de deux manières, soit en offensant la loi morale (il encourt alors leur colère), soit en atteignant à un excès le bonheur et la richesse (il suscite alors leur jalousie). Dans les deux cas, le mortel imprudent sera en butte à la Némésis, ou colère divine. S’il n’a péché que par excès de chance, il pourra espérer apaiser la déesse en sacrifiant une partie de son bonheur.

Polycrate, tyran de Samos, effrayé de la chance inouïe qui le suivait, voulut prévenir la jalousie des dieux en jetant dans la mer un anneau de grand prix, auquel il tenait beaucoup. Mais quand cet anneau lui fut rapporté peu après par un pêcheur qui l’avait trouvé dans le ventre d’un poisson, il comprit que la Némésis n’avait pas agréé son sacrifice et que le malheur allait s’abattre sur lui. Ce qui ne tarda pas à arriver.

Némésis, devenue par la suite une véritable personne divine, se vit attribuer diverses généalogies. On la dit fille de l’Océan d’un côté, et fille de la Nuit et de l’Erèbe d’un autre. Elle était alors considérée comme une puissance fatale, et ce jusqu’à ce que Diké lui soit donnée comme mère ou elle devint la divinité équitable. Elle est d’ailleurs toujours chargées de veiller au maintien de l’ordre. Une des épithètes qu’on lui applique est Adrastée, l’Inévitable. On la représente parfois avec un coude replié (la coudée, mesure que l’homme ne doit jamais dépasser) et un doigt sur la bouche (mieux vaut se taire, pour ne pas s’attirer la colère divine). Son principal sanctuaire se trouvait à Rhamnunte, bourg de l’Attique. On y voyait une statue de la déesse gravée dans le marbre.

Elle fut pourchassée par Zeus, qui en fut amoureux un temps, et elle prit toutes sortes de formes pour lui échapper. Elle se changea ainsi en oie, mais Zeus se métamorphosa en jars pour s’unir à elle. La déesse pondit un œuf qui fut confié à Léda et d’où sortirent Hélène et les Dioscures. Bien que souvent confondue avec les Erinyes, elle s’en distingua petit à petit car la vengeance qu’elle exerçait, n’était point aveugle mais punissait juste les orgueilleux. C’est ainsi qu’elle conseillait la modération et la discrétion.

 

 

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