Hel est la déesse de la mort, elle vit sous l'une des racines d'Yggdrasil, celle qui s'étend vers le Nord. Elle est fille de Loki et de Angrboda, sœur du loup géant Fenrir et du grand serpent de Midgard. Elle régnait sur le troisième royaume, celui se situant en dessous de celui de Midgard. Ce monde n'est pas sans analogie avec les enfers, c'était le séjour des morts, auquel les scandinaves donnaient le nom de Niflheim ou de Nifhel. On se représentait cet enfer comme un lieu sombre, humide, glacial. Des géants et des nains y vivaient, que les poètes dépeignent quelquefois comme recouvert de neige et de givre. A l'entrée se tenait un chien monstrueux, Garm, qui veillait à ce qu'aucun vivant ne pénétrât dans ce domaine des morts. Il est dit que Hel donna asile au grand serpent Nidhogg, qui rongeait jour et nuit les racines du frêne Yggdrasil.
Toutefois on ne lui prêta pas le caractère d'une divinité perverse et malveillante. C'est Odin qui lui a assigné pour séjour Niflheim ; il lui a donné un pouvoir qui s'étend sur neuf mondes différents, afin qu'elle puisse fixer à chacun le lieu de son séjour. Son apparence a quelque chose d'étrange et même de terrifiant : sa tête pend en avant ; une moitié de son visage est semblable à celle des humains, mais l'autre moitié est toute noire. Elle possède, au fond de Niflheim, un vaste palais, Eljudnir, où elle accueille selon leur rang les héros et même les dieux qui descendent dans son royaume. La vie n'y est d'ailleurs pas différente de celle que l'on mène dans les grandes demeures des chefs scandinaves. C'est une sorte de réplique souterraine de Valhall, le palais céleste d'Odin. Quand le dieu Balder, après avoir été tué par Hod, fait son apparition chez Hel, la grande salle de réception resplendit d'or, et des servants s'empressent à placer sur les tables, pour le dieu et pour sa suite, des coupes de clair hydromel.
Il s'agit d'ailleurs de l'un des rares contes où Hel apparaît, Lorsque Balder mourut, tué par Hod sur une traîtrise de Loki, Frigg charge Hermod, l'un des fils d'Odin, d'aller plaider la cause de son fils. Hermod saute sur Sleipnir, le coursier fameux de son père, et se met en route sans retard. Ainsi, tandis que l'on rendait à Balder les derniers devoirs, Hermod a continué sa course à travers des vallées profondes et ténébreuses. Pendant neuf nuits il n'a cessé de chevaucher. Il arrive enfin au fleuve Gjoll, qui borde les enfers, et que franchit le pont Gjallarbruen, tout recouvert d'or. Il apprend de la bouche du gardien que Balder a traversé ces lieux la veille avec cinq cent hommes. Il poursuit, et parvient enfin à la grille qui ferme le royaume de Hel. Là, il met pied à terre, resserre plus fortement les sangles de la selle, puis donne des deux éperons à son étalon, qui d'un bond franchit la grille, sans même la frôler de ses sabots. Il pénètre dans le palais de Hel et aperçoit, sur le siège d'honneur de la grande salle, celui qu'il cherche, son frère Balder. Comme il est tard, il laisse s'écouler toute une nuit avant d'aborder Hel. Mais, dès le lendemain, il la supplie de permettre à Balder de repartir avec lui pour Asgard. Hel ne se montre point impitoyable : si c'est vraiment le désir de tout être et de toute chose au monde que Balder retourne au séjour des dieux, elle lui rendra volontiers sa liberté ; pourtant s'il est dans l'univers un seul être qui refuse de pleurer Balder, elle se verra contrainte de garder ce dernier près d'elle. A la demande des dieux, le monde entier, hommes et bêtes, terre et pierres, bois et métaux, se met à pleurer Balder sauf une géante du nom de Thokk, qui n'est autre que Loki déguisé. Malgré les supplications des dieux, il se refuse à verser la moindre larme : "Ni durant sa vie, ni après sa mort, dit-il, Balder ne m'a jamais rendu le moindre service ; que Hel conserve ce qu'elle possède." Aussi Balder doit-il rester au pouvoir de Hel jusqu'au Ragnarok.